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L'aventure de jean GOUNY
Jean Gouny est attaqué par une bête le 11 septembre 1765 lorsque venant de St-Flour, il s’approche de Paulhac.
Il y a 2 P.V. successifs, l’un concerne la déposition de J. Gouny, l’autre celle de ses compagnons.
Les procès verbaux que je donne intégralement (*), sont suffisamment explicites, et se passent de commentaires.
(*) Pièce rare, à ma connaissance jamais personne n’a noté que le propriétaire, teinturier à Langogne, accompagnait le convoi et s’appelait Joseph Boudet (On dit généralement trois muletiers).
Voici les décryptages et le passage de la lettre de M. Etienne Lafont qui précise la date de l’attaque.
J’ai respecté les textes originaux des P.V. pour aider à la vérification. Je ne crois pas qu’il y ait beaucoup de candidats à cette vérification.
Une ligne dactylographiée correspond à une ligne du manuscrit original (Aide à la vérification), les fautes d’orthographes sont (en principe d’origine) de même que la ponctuation. Mais j’ai certainement ajouté des erreurs.
- 11 septembre 1765, Jean Gouny de Naussac est attaqué par la bête féroce du côté de la Pause
12 sept. 1765, procès verbal d’Antoine et Lacoste à propos de J. Gouny
"L’an mille sept cent soixante cinq, le douzième septembre
nous François Antoine chevalier de l’ordre Royal et Militaire
de St-Louis lieutenant des chasses du Roi, étant en Gévaudan
par ordre de sa majesté mendant à la destruction de la
Bête féroce qui dévore les habitants, Nous y étant venu avertir
aujourd’hui à huit heures du matin, le nommé Jean Gouny
habitant de la paroisse de Naussac en Gévaudan, étant de
son état muletier, conduisant six mulets chargés qui
étaient partis de St-Flour pour rendre leur dite charge à
Langogne au Sr Boudet teinturier, lequel Jean Gouny a
déclaré aussi qu’il était accompagné pour conduire les
dits mulets de Joseph Gouny son frère cadet et du nommé
Boudet teinturier habitant de la ville de Langogne en
Gévaudan, auquel dit Boudet la marchandise appartenait, qu’en
passant tous trois ensemble en conduisant les mulets
dans le chemin qui conduit de St-Flour à Paulhac, ils
(auroient?) apperçu sur les Bruyères de la Montagne de la
Margeride à cinquante pas du dit chemin, une Bête couchée
sur le ventre ; ils auroient crus que ce pouvoit être un
chien, mais considérant plus attentivement cette Bête
le nommé Jean Gouny auroit apperçu et cru que
que c’étoit un loup ou la Bête dévorante, à l’effet de quoy il
auroit retiré son fusil chargé d’un coup de poudre et d’un
coup de petit plomb mêlé à la distance d’environ vingt à
vingt deux pas et qu’à laquelle distance il l’avoit tirée couchée
sur la dite Bruyère, qu’ayant reçu le dit coup qu’il compte
l’avoir bien ajusté, la dite Bête s’est relevée aussitôt en fureur
et a couru au plus vite pour se jeter sur lui, qu’il
déclaroit aussy qu’elle l’avoit renversé par terre, lui avoit
déchiré son chapeau sur le revers et la forme du dit chapeau"
Page 37 gauche
"que nous avons reconnu percé par un grand trou
ainsi que sa guêtre déchirée sur le millieu de la jambe
gauche par les onglets du dit animal sur le susdit procès
verbal, en présence du Sieur de Lafont qui nous accompagne
en ce païs cy, des Sieurs Lacoste Garde Général de la
Capitainerie Royale de St-Germain, Pelissier, Garde de la dite
Capitainerie, Lacour Garde de son Altesse Sérénissime
Monseigneur le duc d’Orléans, Premier Prince du Sang
Lecteur, Lachenay et Bonnet Gardes de son Altesse Sérénissime
Monseigneur le Duc de Penthièvre Prince du Sang après
avoir fait lever la main, suivant la forme ordinaire et fait
preter serment au dit nommé Jean Gouny de dire vérité sur
ce qu’il avait déclaré cy dessus, ce qu’il nous a affirmé à
tous icy présent comme fait très véritable lui être arrivé
(Puis?) de suite interrogé tout de suite comment il lui avait parû
que cette Bête était faite et où elle avait refui après
en avoir été attaqué, à laquelle interrogation il a
répondu et affirmé comme dessus premièrement qu’elle
lui avait apparu plus forte qu’un gros loup, ayant
la tête fort grosse, des petites oreilles droites comme un
loup, n’ayant pu distinguer la couleur ny les (dents?) de la dite
Bête excepté les yeux qui lui ont parû fort gros et saillants
que le poitrail de la dite Bête lui avait parû extrêmement large,
garni de beaucoup de poil très long et rougeâtre, des grosses jambes
le corps fort levreté tout rougeâtre aussi à l’exception de (l’épine?) du
dos auquel il a apperçu une raie noire jusqu’à la naissance de la queue
qui étoit pendante à peu près comme celle d’un loup, a déclaré de plus
que la frayeur dont il a été saisi l’a empêché de faire une plus grande
observation de cette Bête qui l’auroit infailliblement dévoré sans le
secours qui lui a été donné par le nommé Joseph Gouny son frère et
le dit Boudet qui l’accompagnait et qu’elle s’étoit enfuie bien
vite après l’avoir attaqué, la tête tournée vers le bois de la Pause
et a déclaré véritable ce que dessus et ne savoir signer de ce interpellé.
Signés : Antoine, Lafont, Antoine de Beauterne, Lacoste, Pelissier
Lacour, Lecteur, Lachenay, Bonnet"
Page 37 droite
Deuxième procès verbal
"Fait le même jour en conséquence de l’autre part
L’an mille sept cent soixante cinq, le douzième jour de septembre
environ sur les deux heures de relevé, Moy Pierre Lacoste
Garde Général de la Capitainerie Royale de St-Germain en
Laye envoyé en Gévaudan sous les ordres de Monsieur
Antoine, commandant du détachement royal en cette
Province, accompagné de Monsieur Antoine de Beauterne
son fils, auroit été à la poursuite du nommé Joseph
Boudet teinturier de la ville de Langogne et du nommé
Joseph Gouny pour vérifier si la déclaration qu’avait faite
Jean Gouny était véritable, interrogé le nommé Joseph
Boudet sur ce qu’il avait vu à ce sujet, il nous auroit
répondu que le nommé Jean Gouny étoit resté derrière,
poursuivant toujours leur chemin , il auroit entendu un coup
de fusil ce qui les auroit arretté sur le champ pour regarder
de quel côté cela venoit et ils auroient aperçu cette Bête qui étoit
sur le nommé Jean Gouny et tout de suite ils ont accouru
pour aller sur cet animal en faisant des cris de toute
leur force, aussitot cette Bête auroit pris la fuite pour
gagner les Bois de la Pause, interrogé comment cette
Bête lui a apparu, il nous auroit répondu qu’elle étoit
un peu plus forte qu’un loup, qu’elle avoit la tête comme
un veau, le devant beaucoup plus gros que le derrière
et le poil fort long hérissé et rougeâtre, portant sa
queue basse comme un chien, interrogé le nommé Joseph
Gouny après leur avoir fait prêté serment à tous
deux de dire vérité, il nous a répondu la même chose
que le nommé Boudet, en foi de quoi nous avons dressé
le présent procès verbal pour vérifier la déclaration"
Page 38
qu’avait fait Jean Gouny, le nommé Joseph Gouny
a déclaré ne savoir signer, demandé au Sr Boudet
S’il savait signer il auroit répondu qu’oui, fait au
village de Babonet paroisse de Thoras en Gévaudan
Ce douzième jour de septembre de l’an mille sept
cent soixante cinq – Signé Antoine de Beauterne, Lacoste
Boudet Y.
M. Lafont le 22 septembre 1765
…… La bête féroce attaqua, le 11 (septembre), un muletier, qu’on m’a assuré être âgé de 30 à 35 ans et être un homme vigoureux. Ce muletier conduisait six mulets, sur un desquels il avait un fusil qui n’était chargé qu’avec de petits plombs. Il aperçu la bête couchée sur la bruyère, prit son fusil et fut à elle et lui tira à environ vingt pas. La bête se relève en fureur et vient sur le feu : Ce quelle n’avait fait encore. Elle renversa ce muletier et un de ses frères étant en avant avec un autre homme et marchaient à quelques pas de distance de lui, lorsqu’ils entendirent le coup de fusil, ils se retournèrent et aperçurent le muletier couché par terre se débattant avec la bête il coururent à son secours et elle s’enfuit ….."
Commentaire :
Comme quoi certains Gévaudanais n’avaient pas peur, cependant, Jean Gouny a fait preuve de beaucoup d’inconscience, pensant être près de la bête, il la tire à 20 pas avec du petit plomb. Quand on sait le nombre de chasseurs qui, à cette époque avaient tiré cette bête avec du gros calibre sans résultat !!!
Quelques précisions :
‘’Le sieur de Lafont qui nous accompagne dans ce pays cy ‘’ qui signe le PV d’Antoine est le frère de M. Etienne Lafont syndic et subdélégué du Gévaudan.
E. Lafont a été chargé d’assurer la part de la subsistance du détachement de M. Antoine dévolue au Gévaudan, l’autre part de cette subsistance est assurée par l’Auvergne, M. Lafont est chargé de la coordination entre les deux provinces à propos de cette subsistance. Il a suivi attentivement les travaux de M. Antoine, il est venu plusieurs fois sur cette limite Gévaudan - Auvergne assister à des chasses et battues. Il a délégué son frère qui est resté avec M. Antoine jusqu’à la mort de la bête tuée dans le bois de l’abbaye des Chazes en Auvergne sur l’autre rive de l’Allier.
‘’Ce pays cy’’ signifie le Gévaudan par opposition à l’Auvergne. M. Antoine a toujours résidé en Gévaudan, en septembre 1765, il réside au château du Besset paroisse de la Besseyre St-Mary en limite de l’Auvergne.
Les villages cités
La Pause : Hameau perdu de Clavières au pied du mont Mouchet, en limite des communes d’Auvers –Nozeyrolles et de Pinols, le long de la route D 48 (Carte IGN 1/25000)
Babonnès paroisse de Thoras, à proximité de la route de Saugues à Grandrieu (D 585/985)
Date de l’attaque :
Les PV sont datés du 12 septembre 1765 mais ne donnent pas la date de l’attaque, celle-ci est précisée dans la lettre de Lafont du 22 septembre à l’attention de l’intendant du Languedoc rapportée partiellement par Pourcher, c’est le 11 septembre.
Antoine ne donne pas le lieu où Jean Gouny a déposé, je pense qu’il s’agit du château du Besset Q.G. d’Antoine à cette époque (Château dont il ne reste que quelques tas de pierres).
Scénario probable
Les muletiers devaient suivre un chemin qui est devenu la départementale 4 actuelle St-Flour -Ruynes - Clavières- Paulhac.
Partis de St-Flour le 11au matin ils sont
attaqués par la bête
quelque part entre Clavières et le Portus d’Auzenc (La bête s’enfuit la tête tournée vers le bois de la Pause ou la Pauze) au cours de l’après midi. Le convoi s’est probablement arrêté à Paulhac pour passer la nuit et le lendemain 12 septembre, Jean Gouny est allé
déposer au Besset,
résidence de M. Antoine, où il se présente à huit heures du matin. Pendant ce temps, le convoi reprend la route vers Langogne. Vers 10 heures après la déposition de Jean Gouny, M. Antoine fait partir son fils et M. Lacoste à la poursuite du convoi pour vérifier la déposition de Jean Gouny. Les poursuivants rattrapent ce convoi près de Babonnès, commune de Thoras en début d’après midi et obtiennent la confirmation attendue objet du 2ème
P.V.
Saint Flour